dimanche 4 décembre 2016

Alice de l'autre côté du miroir

Alice de l'autre côté du miroir

Vous le comprendrez, sur les 30 années de programmation à Ciné-Cadeau, il n'y a pas eu que des grands films ou des succès. Certains films, aussi rares soient-ils, sont des échecs à beaucoup de niveaux et ça tombe bien, les échecs (le jeu) est justement le thème de ce long métrage d'animation Australien.

"Alice de l'autre côté du miroir" est le roman de 1871 qui fait suite au classique "Alice au pays des merveilles". Le roman fut publié en France pour la première fois en 1931 sous le titre "La traversée du miroir" et fut renommé "De l'autre côté du miroir" pour sa réédition en 1938. Dans le roman original, le monde du miroir est à la fois la campagne anglaise, un échiquier et le monde à l'envers, où il faut courir très vite pour rester sur place. Alice y rencontre toute une panoplie de personnages qui ont fait le succès des romans de Lewis Caroll, dans un mélange d'humour, de poésie et de non-sens très spécifique au style de l'auteur. Une nouvelle adaptation a été produite et sortie en salle cette année, réalisé par James Bobin, mettant en vedette Johnny Depp, Mia Wasikowska et Helena Bonham Carter.


Toutefois, ici, il ne faut pas s'attendre à un film fidèle au roman original... loin de là. Ce téléfilm a été produit par la compagnie Australienne Burbank Films. Si on regarde leur catalogue, on se demande vraiment ce qui a pu arriver avec la production de ce long métrage. Ils sont reconnus pour avoir produit d'excellents films d'animation tel que "Le vent dans les saules" et "L'île aux trésors", mais ce n'est pas le cas de "Alice de l'autre côté du miroir". Pourtant, la compagnie avait en mains les bonnes cartes pour produire un bon film. Le scénario est signé par Jameson Brewer, un vétéran qui a fait ses classes dans l'écriture pour la télévision, mais il a eu la mauvaise idée d'adapter et de moderniser le conte pour le public américain. Au final, le métrage est plus une formule classique de films pour enfants, une recette pré-mâchée, qu'une adaptation fidèle au roman original. Ça démontre une chose: que les romans de Lewis Caroll n'auraient probablement pas été acceptés dans l'environnement télé jeunesse de l'époque, car l'absurdité de ses contes était difficilement adaptable. Sans parler de l'erreur plutôt offensante dans le nom de l'auteur au générique du film, crédité avec deux "R" au lieu de deux "L" (Lewis Carrol). Fait indéniable démontrant l'incompétence de la production.

Le seul détail fidèle au livre est la ville sous forme d'échiquier de l'autre côté du miroir, qu'Alice doit traverser pour être couronnée reine blanche. Occasionnellement, certaines scènes ont été reprises de l'histoire originale tel que le voyage en train et la rencontre avec certains personnages, mais ces rencontres sont épurées et transformées en simple personnages inspirés du modèle des recettes de dessins animés à l'américaine, sans saveur. Tout le reste du film semble improvisé, sans trop de réflexion. Tristement, l'absurdité de Caroll est presque inexistante, et remplacée par les standards du conte fantastiques.



En plus d'être une mauvaise adaptation, le film est plus irritant qu'amusant. Particulièrement les insipides chansons qui, à la base, sont déjà mauvaises, mais qui en plus sont particulièrement mal doublées en français. On dirait que les comédiens improvisaient la mélodie des chansons sans avoir la musique pour s'accompagner. C'est atroce et cela donne plus de maux de tête que de sourires. Mais l'aventure aussi est insipide. Alice se lie d'amitié à Tom le fou qui a le pouvoir de faire tout ce qu'il veut : voler, se téléporter, transformer ses attaquants en ce qu'il veut... Quand on a un personnage qui a tous les pouvoirs, il ne reste plus aucun suspense à l'aventure, elle devient insignifiante et, par la bande, Alice ne devient qu'un pion dans l'histoire; elle n'apporte rien, elle ne fait que se promener. Il n'y a aucun sentiment de menace.

"Alice de l'autre côté du miroir" est, selon moi, plus qu'un film décevant. Je le trouve carrément exaspérant. C'est déjà surprenant qu'il ait été programmé à Ciné-Cadeau, mais nous ne sommes pas surpris qu'il n'ait été diffusé qu'une seule fois, le mardi 22 décembre 1992. Si vous ne vous souvenez pas de ce film, c'est tout à fait normal. Plusieurs études démontrent qu'une personne peut facilement effacer de sa mémoire des mauvais souvenirs ou des traumatismes vécus dans sa jeunesse. Je ne doute point que les insupportables chansons de ce long métrage puissent être considérées comme un cauchemar.


FICHE TECHNIQUE
Titre original: Alice through the looking glass
Année: 1987
Diffusion à Ciné-Cadeau: Mardi 22 decembre 1992
Durée: 73 min.
Pays: USA / Australie / Italie
Réalisateur: Andrea Bresciani, Richard Slapczynski
Scénario: Lewis Carroll, Jameson Brewer
Voix françaises: Doublage Québec
Produit par: Burbank Films Australia, Jambre Productions
Synopsis: Alice retourne au pays des merveilles dans cette suite écrite par Lewis Caroll. Alice traversera son miroir et rencontrera Tom le fou. Elle devra traverser l’échiquier géant de Échecville dans une grande aventure pour devenir la nouvelle reine blanche. Durant son excitant voyage elle rencontrera Jabberwocky, Humpty Dumpty Tweedledum, Tweedledee et plusieurs autres.





******

BONUS:
Les sentinelles de l'air: Joyeux Noël

Titre original: Thunderbirds - Give or take a million
Épisode: Saison 2, épisode 6
Année: 1966


Les sentinelles de l'air: Joyeux Noël par RetroToonAddict

Aucun commentaire:

Publier un commentaire